Quand une personne me demande de l’accompagner dans l’écriture d’un récit de vie et qu’elle m’envoie ses premiers textes, la première émotion qui s’en dégage souvent est la colère. Et comme toutes les émotions, elle est tout à fait légitime !
Mais est-ce vraiment le message que les auteurs veulent faire passer ?
Généralement non !
S’ils acceptent de se dévoiler, de montrer leur vulnérabilité, c’est toujours pour alerter ou faire passer un message d’espoir, pour que d’autres ne tombent pas dans les mêmes pièges ou pour les aider à avancer après un coup dur.
Alors comment passe-t-on d’un écrit qui transpire la colère à un texte impactant ? Comment prend-on de la hauteur par rapport à un vécu douloureux ?
En réalité, c’est un processus qui est compris dans l’écriture elle-même. Parce que poser des mots, c’est déjà s’alléger, énormément. C’est prendre du recul et comprendre que ce qu’on a vécu n’est pas uniquement le fait d’une mauvaise rencontre ou d’un accident de la vie, mais d’un système plus global, qui bien souvent broie les êtres humains sur son passage.
Ainsi en va-t-il des écrits sur le monde médical, le mal-être au travail, les violences de toutes sortes… la liste est longue, car nos sociétés favorisent de nombreux maux.
Et moi dans tout ça ? A quoi sert l’accompagnement, finalement, si le processus d’écriture est si libérateur ?
Antoinette Demonprénom, que j’ai accompagnée dans l’écriture de son livre sur le parcours des flammes jumelles, La fée qui s’est éveillée, qu’elle a ensuite autoédité, m’a dit à plusieurs reprises que le plus important était que je sois à ses côtés, même en pensée.
Et après plusieurs années d’accompagnement de différents projets, je la crois. Car si je travaille beaucoup sur les textes, je crois que ce qui compte, pour permettre d’aller jusqu’au bout, ce sont effectivement les encouragements, les recentrages et les éclairages, à toutes les étapes.
image Pixabay/ugglemamma